147e congrès, Toulouse, 23-26 mai, 2023 - Effondrements et ruptures

vendredi 26 mai 2023 - 09:30 - UFR Histoire, arts et archéologie, salle GH123


Sauveurs culturels : les crises patrimoniales et leurs héros
Titre : Le migrant comme activiste du patrimoine : une figure méconnue

Présidents :
BARTHÉLÉMY Tiphaine
, Professeur en anthropologie et sociologie à l'université de Picardie - Jules-Verne, membre du Centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique, épistémologie et sciences sociales (CURAPP-ESS, UMR 7319)
ADELL Nicolas , Maître de conférences en anthropologie à l'université de Toulouse - Jean-Jaurès, membre du Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires (LISST, UMR 5193, CNRS / École nationale de formation agronomique), directeur de la revue Ethnologie française

En revenant sur la trajectoire de Samba Touré, un émigré haalpulaaren arrivé en France dans les années 1970 et l’histoire du projet de construction d’un écomusée des Peuls au Sénégal, nous proposons de discuter l’apport heuristique de la figure du migrant comme activiste et sauveur culturel dans l’analyse des processus contemporains de patrimonialisation. Cette figure a jusqu’ici été peu considérée dans le champ des études patrimoniales, le migrant étant cantonné le plus souvent au statut de témoin (Chauliac et Venel 2017), invité par le chercheur et le musée à se raconter ou à venir déposer leurs objets. Or, il nous semble que l’étude de cette figure permet de renouveler l’approche de la patrimonialisation en conciliant deux orientations de recherche. La première invite à considérer les rapports sociaux de « sexe, de race et de classe » sans les hiérarchiser dans l’analyse de la fabrique patrimoniale (Galerand, Kergoat, 2014 ; Chauvin, Jaunait, 2015). La figure du migrant comme activiste et sauveur culturel n’a en soi rien d’évident parce qu’il s’agit d’un acteur invisibilisé, qui ne dispose pas a priori du capital social et culturel pour dire et faire le patrimoine, le concerné ayant lui-même intériorisé cette minorisation, il ne se reconnaît pas comme « sauveur ». La deuxième appelle à prendre le contrepied d’une approche classique du patrimoine attaché aux objets et à l’institution, en recentrant l’analyse sur les acteurs, leurs attachements et leurs engagements, rappelant que la patrimonialisation est affaire de liens, de décisions, d’affrontements au-delà du national.

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Mme Anaïs LEBLON, Maîtresse de conférences en anthropologie à l'université Paris VIII - Vincennes - Saint-Denis, membre du Laboratoire architecture ville urbanisme environnement (LAVUE, UMR 7218, CNRS)

Membre des sociétés savantes :
L'Anthropologie pour tous, Membre
Res patrimoni, Membre