142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

jeudi 27 avril 2017 - 09:30


IV. Des montagnes explorées, étudiées et représentées

Sous-thème : IV.3. La montagne, cadre et source d’inspiration

Titre : Figures romantiques de la mobilité et de l’immobilité montagnardes : les voyages aux Alpes et aux Pyrénées de Victor Hugo

Présidents :
LAURIOUX Bruno
, professeur d'histoire du Moyen Âge et d'histoire de l'alimentation à l'université François Rabelais de Tours, président du conseil scientifique de l'Institut européen d'histoire et des cultures de l'alimentation
KOUVOUAMA Abel , professeur d’anthropologie, directeur de l'UFR Lettres, langues, sciences humaines et sport à l'université de Pau et des pays de l’Adour

Entre 1825 et 1843, Victor Hugo accomplit deux voyages aux Alpes (1825 et 1839) et un voyage aux Pyrénées (1843). Au fil des notes du carnet de 1825 qui reconstituent le premier voyage de Sallanches à Chamonix, puis des lettres composant ce que, depuis l’édition qu’en donna Paul Meurice en 1890 chez Hetzel-Quantin, l’ensemble qu’on a coutume d’appeler « Alpes et Pyrénées », se dessinent les grandes lignes de l’appropriation, par l’écrivain, de cet espace montagnard au moment où les élites européennes en font leur nouveau terrain de jeu. Destination romantique où continue de se construire le dialogue amorcé par Rousseau entre le paysage intérieur du poète et le paysage extérieur qui s’offre à sa vue, la montagne, en ce premier XIXe siècle, constitue aussi le lieu d’expériences sensorielles inédites où s’invente un nouveau rapport du corps à l’espace. Au-delà des notations toujours très présentes dans la correspondance d’Hugo relatives à la culture matérielle de la route, se déploie, à l’occasion de ses déplacements aux et dans les Alpes et les Pyrénées, tout une gamme de sensations liées aux modalités spécifiques de la pénétration de cet espace et de l’appropriation de sa verticalité : la montée, l’escalade, le dévalement des pentes. Les propriétés géométriques et topographiques de l’espace imposent ici une nouvelle mécanique du regard où s’enrichit la quête du pittoresque. Mais si la montagne hugolienne se donne à voir comme le territoire de mobilités multiples, elle n’en constitue pas moins, pour l’écrivain, un espace clos, refermé sur des populations préservées de tout contact avec l’extérieur. Un de ces isolats où la première génération romantique a cru pouvoir saisir les vestiges d’un âge d’or originel et pratiquer cette archéologie de l’étrangeté chère aux celtomanes du début du siècle.

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Mme Odile PARSIS-BARUBÉ, Maîtresse de conférences HDR (E.R.) en histoire culturelle contemporaine à l’université de Lille

Membre des sociétés savantes :
Académie des sciences, lettres et arts d'Arras, Présidente d'honneur
Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, Présidente d'honneur