138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 09:00


Colloque 2 : L'acquisition des aliments : de la nature à la table au Moyen Âge

Sous-thème : 2.A. Le choix des aliments

Titre : Approvisionnement alimentaire à l’Aumône Notre-Dame de Chartres durant la première moitié du XVe siècle

Présidents :
BRUNEL Ghislain
, conservateur en chef à la section ancienne des Archives nationales, Paris
PICHOT Daniel , professeur émérite d'histoire médiévale à l'université de Haute-Bretagne Rennes II

Édifié entre la fin du XIe siècle et le début du XIIe siècle, puis démoli en 1867, l’Aumône Notre-Dame de Chartres se dressait au cœur du cloître, face à la cathédrale. Principal hôpital du plus vaste diocèse du royaume de France, il est rappelé à ses devoirs par une lettre de protection et de sauvegarde donnée par Louis XI vers 1463-1464 : « icelle Aumosne et hostel Dieu soit tenu de acomplir les sept euvres de misericorde, c’est assavoir heberger les povres trespassans, doner boire et mengier a tous povres malades, encevelir les mors, nourrir et alimenter povres gesines, povres enffans trouvés, nourrir, gouverner, metre a mestier et les filles marier et avecques ce, faire oudit lieu le service divin, c’est assavoir les heures canoniaux et deux messes par chacun jour » (archives départementales d’Eure-et-Loir, H-dépôt I E 73, deuxième de couverture, folio 1). Le fait de nourrir les hommes apparaît clairement puisqu’il concerne quatre des sept œuvres de miséricorde. L’alimentation tient une place importante comme l’atteste la comptabilité de l’hôtel-Dieu durant la première moitié du XVe siècle. Ont été conservés pour cette période 42 comptes dont 36 inédits et 6 doubles. Le patrimoine foncier de l’Aumône Notre-Dame lui permet de subvenir à nombre de ses besoins et fait l’objet d’une organisation très structurée : métayers exploitant des fermes situées en Beauce, vergers, vignes, élevage ovin, porcin, bovin, de volaille, de pigeons, pisciculture. Les denrées qui ne sont pas issues du patrimoine foncier de l’Aumône sont achetées en majeure partie sur les marchés et les halles spécialisées locales. Certains produits spécifiques (épices, amandes) font l’objet d’un approvisionnement plus éloigné : foires régionales, Paris, etc. D’une manière générale, l’hôpital se fournit chez les mêmes vendeurs. De plus, cet établissement a recours à une main d’œuvre spécialisée pour transformer les produits : bouchers, boulangers, pâtissiers, etc. Propriétaire de nombreuses vignes, l’hôtel-Dieu dépense des sommes considérables pour la viticulture et l’approvisionnement en vin. Il est à la fois producteur, consommateur mais aussi acheteur et revendeur. En effet, il existe une véritable gestion financière des revenus du vin ; cet établissement vend le surplus de sa production en taverne mais il a aussi une politique de vente des bons vins, approvisionnant à son tour la ville de Chartres.

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Mme Séverine NIVEAU, Archiviste, Doctorante en histoire médiévale à l'université Paris X - Paris-Nanterre