138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 09:00


Thème VI. Représentations et alimentation

Sous-thème : VI.B. Manger moral, manger sauvage

Titre : Les Français ne consomment plus des poissons mais DU poisson. Le réflexe « tranche de jambon » remplacé par le réflexe « poisson carré »

Présidents :
DALLA BERNARDINA Sergio
, professeur d'ethnologie à l'université de Brest
LE GOFF Armelle , conservateur général aux Archives nationales, Paris

À partir de l’étude comparée des pratiques de consommation du poisson – les Français, terriens et les communautés littorales – nous montrerons comment les premiers, « non consommateurs » jusqu’à voici une vingtaine d’années, rejoignent, en taux de consommation les seconds. Quelles en sont les causes, les déterminants sociaux, économiques, culturels, symboliques ?
Nous nous interrogerons sur l’émergence de cette popularisation de la consommation du poisson : comment le secteur de l’agro-alimentaire a-t-il obtenu que les Français aient le reflexe « poisson carré » remplaçant celui « tranche de jambon ». Comment les entreprises de transformation vont faciliter cette consommation en transformant tout poisson en « biftek » : facile à acheter, à manger, à consommer, à conserver. Les Français ne consomment plus des poissons mais DU poisson : du carré pané au surimi.
Nous avons analysé les médias publicitaires, les discours popularisant la consommation de poisson, déployant une sémantique du sain et du naturel et évoquant une constellation d’images et d’association (naturel, sauvage, fraîcheur, océan, vitalité). Et surtout pourquoi aujourd’hui « consommer du poisson, c’est protéger son capital santé ». Comment le poisson devient un « alicament » ?
Quels sont les relais institutionnels de ce processus ?
Nous pourrons montrer comment les qualités reconnues aujourd’hui AU poisson-chair sont celles que les populations littorales ont attachées à certaines espèces.
Aujourd’hui une évolution, due aux campagnes dénonçant les pollutions, la toxicité des certains poissons, les surpêches est à noter.

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Mme Aliette GEISTDOERFER, Directeur de recherche honoraire du CNRS, Attachée au Centre d’ethno-technologie en milieux aquatique (CETMA, MNHN), anthropologie maritime