138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 09:00


Thème VI. Représentations et alimentation

Sous-thème : VI.B. Manger moral, manger sauvage

Titre : Manger sain, manger sauvage : la réhabilitation des moules

Présidents :
DALLA BERNARDINA Sergio
, professeur d'ethnologie à l'université de Brest
LE GOFF Armelle , conservateur général aux Archives nationales, Paris

Si on consulte les sites Internet des entreprises de mytiliculture en France et en Italie, on remarque une contradiction fondamentale : même s’il s’agit d’un produit d’élevage, la moule est présentée comme quelque chose d’extrêmement naturel. Ce mollusque, soulignent les mytiliculteurs, se nourrit et grandit en pleine mer, sans aucune nourriture chimique et comme à l’état sauvage. Synonyme de « bonne santé », la « sauvagerie » de la moule est perçue aujourd’hui comme une qualité (même si la propreté de l’eau, parfois, laisse quelque peu à désirer). Mais cette réputation est récente. Dans le passé, la moule était soupçonnée d’être indigeste, parfois même toxique. Jusqu’aux années 1950, les pêcheurs de l'île de Pellestrina, dans la lagune de Venise, ne la considéraient même pas comestible. En Bretagne aussi on assiste à une valorisation tardive de cette ressource alimentaire et à l’adoption, tout aussi tardive, des innovations techniques favorisant son exploitation. Cette communication se propose de retracer les étapes essentielles de la « réhabilitation » de ce mollusque bivalve au passé incertain (les Vénitiens, encore aujourd’hui, l’appellent peocio, à savoir « le pou ») devenu un produit de grande importance économique dans le monde entier.

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Mme Rita VIANELLO, Doctorante en ethnologie à l’université de Bretagne-Occidentale