138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 14:00


Thème VI. Représentations et alimentation

Sous-thème : VI.B. Manger moral, manger sauvage

Titre : Les Italiens : un peuple de nature ? La cuisine ethnique comme indice de sauvagerie

Présidents :
DALLA BERNARDINA Sergio
, professeur d'ethnologie à l'université de Brest
LE COADIC Yves-François , professeur honoraire de sciences de l'information au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), Paris

Chez les Finistériens comptant dans leur généalogie un ancêtre italien, les pratiques culinaires sont au cœur de la transmission culturelle. Engagés dans une quête des origines, certains trouvent dans la redécouverte de recettes traditionnelles un moyen d'affirmer autant que de justifier leur « italianité ». L'exemple de la polenta est particulièrement significatif. Cette préparation culinaire à base de farine de maïs a longtemps constitué l'alimentation principale des populations montagnardes du nord de l'Italie. Longtemps considérée comme un mets rustre sinon archaïque, à l'image de ses consommateurs initiaux (la « bonne nourriture » du « bon sauvage »), la polenta occupe aujourd'hui une place de choix dans les étalages des rayons « cuisines du monde » ou des épiceries fines « italiennes ». Elle est également prisée par les descendants lorsqu'il s'agit de mettre en scène leurs « racines ». Cela débouche sur un discours identitaire aux accents essentialistes : les choix culinaires sont effectivement présentés comme l'expression naturelle de l'italianité. Manger authentique renvoie alors à une conception réifiante et naturalisante des identités culturelles qui s'appuie sur la démonstration suivante : je mange « italien » donc je le suis.

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Mme Céline EMERY, Doctorante en ethnologie à l'université de Bretagne-Occidentale