138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 14:00


Colloque 5 : Les relations entre alimentation et protection sociale

Sous-thème : 5.C. Les professions, institutions et services intervenant dans le champ de l’hygiène sanitaire

Titre : Éducation alimentaire des jeunes et stratégies déployées : un impératif de santé publique à double ancrage

Président : DELMAS Bruno, professeur émérite à l’École nationale des chartes

Depuis plus d’une décennie, une partie de la population française, dont la jeunesse, est affectée par de mauvaises habitudes alimentaires. Cette « indiscipline » est la conséquence de facteurs cumulés : populations vulnérables ne disposant que de ressources économiques modestes, jeunes influencés par la pression publicitaire et les messages diffusés par les industries agro-alimentaires (impliquant le sucré et le salé), sédentarité accrue de par la généralisation des moyens de locomotion motorisés et le temps quotidien passé devant les écrans.
Face à cette pathologie alimentaire, diverses initiatives ont été engagées au seuil des années 2000. Ces stratégies se vérifient à deux niveaux d’impulsion des actions de santé publique.
Au niveau des Plans nationaux, citons, à titre d’illustration majeure, le Programme national nutrition santé (PNNS1) initié en 2001, mobilisant différents groupes d’experts. L’enjeu du PNNS est « l’amélioration de l’état nutritionnel de la population » en tant que « facteur de protection de la santé ». D’un programme à l’autre (2001, 2006, 2011…), les objectifs ont été partiellement atteints, ainsi qu’en attestent les différents rapports d’évaluation. Citons la réduction de la consommation de sel et de sucre, l’augmentation de la consommation de fruits et de légumes. Des dispositions supplémentaires ont été prises à la fin du PNNS2 afin d’optimiser ces effets bénéfiques en les étendant à de nouvelles composantes de la population, en termes de prévention nutritionnelle.
Durant la même période, des actions territoriales concertées ont été engagées au plan local, départemental ou régional. On constate un foisonnement d’initiatives dans ce domaine. Il ne s’agit pas, à proprement parler, de déclinaisons régionales ou départementales du PNNS. L’étude privilégie ici un choix raisonné d’opérations. Il s’agit d’une part du Programme nutrition, prévention et santé des enfants et adolescents en Aquitaine et de la mission du Réseau pour la prévention et la prise en charge de l’obésité pédiatrique (RÉPOP-Aquitaine), ce dernier mobilisant autour du médecin le diététicien, le psychologue, les enseignants, etc. D’autre part, deux actions sont également prises en considération. Elles sont développées à l’initiative du département de l’Hérault sur les thèmes « Comportements alimentaires et obésité » et « Méditerranée, berceau de l’alimentation moderne », conduites auprès des populations d’âge scolaire, avec le soutien de la Fédération nationale des offices municipaux du sport (FNOMS). La presse régionale, des colloques se font l’écho de ces actions.
L’étude vise à démontrer l’articulation dynamique de ces deux niveaux d’action : un cadre général rappelé à échéances régulières, une pratique de proximité s’appuyant sur le maillage social local. Ce dispositif de politique publique, dit « à double ancrage », est indispensable pour atteindre les objectifs visés.

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M. Jean-Paul CALLÈDE, Chargé de recherche au Groupe d'étude des méthodes de l'analyse sociologique de la Sorbonne (GEMASS), CNRS

Membre des sociétés savantes :
Association internationale des sociologues de langue française, Membre
La mémoire de Bordeaux métropole, Membre