138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

lundi 22 avril 2013 - 14:00


Séance plénière 2 : conférences introductives - Histoire de l'alimentation humaine - Colloque 1
Titre : Conférence introductive : « Le gibier des chasseurs paléolithiques »

Présidents :
MORDANT Claude
, professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Bourgogne, membre de l'UMR ARTeHIS (Archéologie, terre, histoire, sociétés), UMR 6298, CNRS
COSTAMAGNO Sandrine , chargée de recherche au CNRS, UMR 5608, TRACES (Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés), université Toulouse II - Le Mirail

C'est au cours de la longue période pléistocène que l'homme a gagné son statut de grand prédateur pour se placer au plus haut niveau de la pyramide écologique comme les grands carnivores tels l'ours, le grand félin et l'hyène des cavernes -peut-être la plus redoutable-.
En tant que grand prédateur, l'homme a monté des opérations de chasse qui ont été d'autant plus efficaces que les armes de jet se sont faites plus rapides et les pointes de projectiles plus fines et pénétrantes ; on peut penser que d'excellentes stratégies sinon les meilleures datent de la fin du Pléistocène, au moment où « l'homme anatomiquement moderne » occupait le continent européen.
Cependant, malgré les progrès techniques, les problèmes d'acquisition de la matière carnée n'ont pas, pour autant, régulièrement régressé. Des crises alimentaires (ou ce que l'on peut assimiler à) sont apparues à plusieurs reprises. Elles paraissent, pour beaucoup du moins, liées à des facteurs environnementaux contraignants qui ont laissé des traces sur le gibier et, sans doute, sur l'homme lui-même.
Prenant pour exemple une période se situant à la fin du Paléolithique, débutant il y a environ 40 000 ans et s'achevant vers -10 000, on perçoit que le milieu physique a fortement varié, tant le climat que la paléogéographie, entraînant le déplacement des populations animales sur des distances plus ou moins grandes selon la période et le mammifère considérés. On constate en outre d'importantes variations dans la taille de certains individus et des diminutions d'effectifs. Ainsi, à certains moments, les conditions sont très défavorables au développement du gibier et sont perçues par l'homme comme des périodes de fortes contraintes. À l'inverse, il en est qui paraissent être favorables et ne poser aucun problème au chasseur pour son alimentation carnée. Quelques-uns de ces moments-clés correspondent à l'apparition de « technocomplexes » qui sont souvent considérés comme représentant des entités culturelles. Ces technocomplexes porteraient donc en eux des éléments de réponse aux problèmes de l'alimentation humaine et, plus largement, aux conditions environnementales du moment.

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Mme Françoise DELPECH, Directeur de recherche honoraire au CNRS

Membre des sociétés savantes :
Savoirs et image en Graves de Montesquieu, Membre
Société des amis du musée national de la Préhistoire et de la recherche archéologique, Membre