08/04/2015 - Avis de Grégoire : "une analyse de témoignages"


Note globale : **** Difficulté : *** Plan : thématique Avis de Grégoire 29 avis déposés lecteur/trice régulier/ère http://www.gregoiredetours.fr/thematiques/histoire-transversale/jean-pierre-bardet-et-francois-joseph-ruggiu-les-ecrits-du-for-prive-en-france/ L’objet de ce livre est l’étude des écrits du for privé, c’est-à-dire du quotidien (écriture immédiate : livres de raison et de comptes, diaires …) ou personnels (journaux intimes). Les sources constituent elles-mêmes le sujet des recherches. L’ouvrage regroupe et analyse une masse immense de documents, dessinant une Histoire proche des hommes et des moeurs d’une époque couvrant un demi-millénaire (“de la fin du moyen-âge à 1914”). Sur la forme, le travail d’analyse est accompagné de nombreux extraits, et d’une annexe notable, riche de tableaux, graphiques et données numériques. Le tout s’accompagne d’une mise en ligne des documents sources : http://ecritsduforprive.huma-num.fr/ Histoire des idées, dé-chiffrement de l’intimité … les axes d’étude envisageables sont nombreux, et le groupement de recherches du CNRS qui a travaillé des années sur le sujet s’est divisé en thématiques qui sont autant de chapitres du livre. On trouvera notamment une étude des supports d’écriture (“matière et texte”) : les écrits du quotidien, outils de travail ou réflexions immédiates, ne sont pas linéaires et comportent de nombreuses notes, remarques, signatures, sources d’informations à elles seules. Un autre chapitre concerne “le corps dans les écrits du for privé”. Les maladies et leurs conséquences sociales y occupent une place importante. Également des passages émouvants sur les grossesses et les sentiments partagés des futurs parents : l’accouchement est souvent redouté car dangereux. Les autre chapitres portent sur (liste non exhaustive) : - les transcriptions d’événements publics : hivers rudes, épidémies, événements politiques   - les comptes, une forme d’écriture spécifique reposant sur des données chiffrées. Les bases de la comptabilité sont établies en 1494 par Luca Pacioli, puis Pierre de Savonne en France. Les artisans éprouvent des difficultés en orthographe et en écriture. Également des chiffres et données du quotidien (composition des repas, organisation de mariages...)   - la notion au temps (avec l’évolution des techniques de mesure du temps, les datations deviennent de plus en plus précises). Un “moi du devenir”, par opposition à la “mémoire de soi”, se développe surtout dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La dernière étude, parmi celles qui m’ont le plus intéressé, concerne “l’écriture du croyant”. Le christianisme pousse à l'introspection personnelle. On y trouve des récits de pèlerins, de persécutés (notamment pendant la révolution), des témoignages de dévotion intérieure. Alors que les laïcs sont régulièrement inspirés par des croyances traditionnelles, les clercs sont chargés de plus en plus de responsabilités sociales (médiation, avances ou prêts financiers, gestion des héritages …). Malo au riche duc !