02/08/2012 - compte rendu


Extraits du compte rendu de Geneviève Michon, paru dans Natures, Sciences, Sociétés, 20, 104-125 (2012). Disponible en ligne sur www.nss-journal.org "Comment parler du rapport des enfants à la nature ? Pour tenter de répondre à cette question, des chercheurs – ethnoécologues, ethnobotanistes, anthropologues – ont invité des enfants du monde entier à dessiner le monde qui les entoure : forêt ou mer, arbres ou animaux, paysages ou activités. Ce très beau livre rassemble ainsi plus de deux cents dessins réalisés par des enfants de onze régions du monde : Inuits et Évènes du Grand Nord, Wayanas, Yuquis et Saramaka d’Amérique du Sud, Kurdes de Syrie, Berbères oasiens d’Égypte, Kirghiz d’Asie centrale, Malgaches et Mahorais de l’océan Indien, Gabonais d’Afrique, Mokens de Birmanie… Les dessins, accompagnés de photos, de cartes et des textes des chercheurs, sont présentés par milieux et pays, nous invitant à une exploration originale des grands biotopes de la planète. Ce qui frappe, en effet, à la première lecture des dessins, c’est la « familiarité » de ces natures d’enfants, à la fois si différentes et si proches. Dans aucun de ces dessins la nature n’apparait hostile ou étrangère ; au contraire, on a l’impression qu’il s’agit toujours de « la nature derrière chez soi », celle qui fait partie de la vie de tous les jours. (….) Un autre trait frappant de ces dessins est leur oscillation entre universalité et particularismes, comme si l’on pouvait discerner un même schéma directeur dans la diversité foisonnante des natures représentées. On peut voir ici, dans cette succession de dessins, cet équilibre subtil entre la diversité des rapports au monde et l’universalisme de l’intégration des éléments de la nature dans le quotidien des enfants. (...) Reste aussi, et c’est ce qui fait la force de cet ouvrage étonnant et original, la charge émotionnelle de ces dessins, qui sont autant des représentations mentales ou des témoignages de la diversité de la nature que d’authentiques oeuvres d’art. Il est, en effet, des dessins qui emmènent le lecteur bien au-delà des natures qu’ils représentent. Ainsi celui de Maïki, jeune Indien wayana, qui dessine sa pêche au kumaru comme s’il l’avait observée depuis le faîte du grand arbre dans lequel il est allé cueillir ses fruits-appâts, en une surprenante contreplongée. Ou ces dessins des jardins kurdes, débordant de détails et de réalité, dépeignant une nature construite comme un jardin d’éden."