126e congrès, Toulouse, 2001 - Terres et hommes du Sud

mercredi 11 avril 2001 - 09:00


Thème 1 : paysages, peuplement et habitat

Sous-thème : Modes de peuplement et habitat

Titre : Formes et formations des villages médiévaux dans le bassin de l’Aude

Présidents :
CONTAMINE Philippe
, professeur émérite de l'Université Paris IV, directeur de la Fondation Thiers, membre de l’Institut
MOUSNIER Mireille , professeur, Université Toulouse II - Le Mirail

Dans les territoires des anciens diocèses de Carcassonne et de Narbonne, qui recouvrent essentiellement le bassin de l’Aude, une vision morphologique des agglomérations rurales à partir des plans cadastraux anciens (napoléoniens ou antérieurs), parfois complétés par des indications textuelles, permet d’établir trois grandes classes d’habitats groupés. Les villages ouverts, les villages ecclésiaux et les villages castraux constituent en effet la grande majorité des localités héritées du Moyen Âge. Les deux derniers groupes se distinguent des villages ouverts par leur nature enclose, c’est-à-dire fortifiée, en incluant un pôle monumental originel : église ou château. Quant aux villages neufs réguliers ou bastides du bas Moyen Âge, leur nombre n’est qu’anecdotique dans la région considérée.
Les trois ensembles de villages ne sont cependant pas systématiquement constitués d’éléments " purs " et peuvent aussi présenter des formes hybrides. Notamment par la juxtaposition de formes ouvertes et de formes ecclésiales, ou de formes ouvertes et de réduits défensifs typiques de la fin du Moyen Âge.
La classification générale recouvre pour l’essentiel une signification chronologique, représentative des principales pulsions qui ont fait surgir ou remodelé le réseau villageois médiéval. La première croissance des temps carolingiens permet l’émergence des villages ouverts. Dans la première moitié du XIe siècle, le contexte de la féodalisation et de la Paix de Dieu, son corollaire, donne naissance à la forme spécifique des villages ecclésiaux. Enfin, au XIIe siècle, l’affermissement des cellules banales jusque dans les plus petites seigneuries, se concrétise dans la mise en place des villages castraux, forme majoritaire.
Les différences de proportion entre chaque type villageois varie en fonction des secteurs géographiques. Les zones montagneuses (frange sud du Massif central, piémont pyrénéen et Pyrénées) sont avant tout le domaine des agglomérations ouvertes. Les villages ecclésiaux en sont absents et les villages castraux y sont peu répandus. En revanche, ces derniers sont préférentiellement apparus dans les zones de plaines, en concurrence avec les deux premières générations villageoises, ouverte et ecclésiale.


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M. Dominique BAUDREU, Archéologue

Membre des sociétés savantes :
Centre d'archéologie médiévale du Languedoc, Ancien président
Société d'études scientifiques de l'Aude, Membre