142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

mardi 25 avril 2017 - 09:00


II. La montagne entre centre et périphérie

Sous-thème : II.1. Montagnes et frontières : protéger et défendre

Titre : Barrer ou circuler, le paradoxe montagnard

Présidents :
GAINOT Bernard
, maître de conférences honoraire à l'Institut d’histoire de la Révolution française, université Panthéon-Sorbonne
CURSENTE Benoît , directeur de recherche honoraire au CNRS

Devant les risques d’invasions militaires ou purement migratoires, toute nation s’est vue contrainte à un moment ou à un autre de son histoire de barrer les accès à son territoire en fortifiant les points de passage empruntables par les armées ennemies ou les populations voisines. Ainsi, parmi l’ensemble des axes de communication entre France et Italie, le col de Montgenèvre représente depuis l’époque de la République des Escartons, un axe essentiel d’unification, mais aussi une voie régulière de passage des armées, comme durant les guerres d’Italie, par exemple. Du point de vue français, si la conquête du Piémont en 1536 avait éloigné momentanément la frontière du col alpin, le traité de Cateau-Cambrésis entraîne un rapprochement du Duché de Savoie, de Montgenèvre et de Briançon. De plus, les troubles et les persécutions consécutives aux guerres de religion allaient créer des foyers d’opposants armés, retranchés dans les montagnes, tels les Vaudois qui menacent ainsi Briançon durant tout le XVIIe siècle. Les pertes territoriales, conséquences fâcheuses des défaites de la fin du règne de Louis XIV, vont fixer la frontière sur le col à moins de 15 km du nœud routier que représente cette ville, véritable carrefour et point stratégique entre les Alpes du Nord, par les cols du Lautaret et du Galibier, et de l’Ubaye par les cols de l’Izoard et de Vars. Enfin, l’unification italienne et l’hostilité que le jeune royaume manifeste rapidement à l’égard de la France conduit le gouvernement à parfaire les fortifications du nœud routier mais aussi ferroviaire que représente alors Briançon. Ainsi, l’armée, omniprésente dans la région, allait également servir de moteur au développement du chemin de fer et contribuer au désenclavement des vallées en développant les moyens d’approvisionnement logistique (approvisionnement électrique…) et les axes de communication nécessaires aux armées.
Cet exposé se déroulera en deux parties :
1/ la période classique - Nicolas FAUCHERRE
Du mur des Vaudois aux réalisations d’inspiration vaubaniennes du marquis d’Asfeld, le briançonnais allait connaître la première grande vague de constructions défensives.
2/ La période moderne - Hugues PAUCOT
Des réalisations Louis-Philippienne à la ligne Maginot, les XIXe et XXe siècles allaient en rajouter 3 couches successives qui allaient faire du briançonnais un site fortifié unique au monde par la multiplication des couches défensives. Si aujourd'hui on peut raisonnablement penser que les canons se sont probablement définitivement tus sur la frontière alpine, la réinstallation actuelle de points de contrôle sur les frontières et sur le col de Montgenèvre en particulier, illustre parfaitement la permanence de l’histoire en ces périodes migratoires importantes. Cependant avec le départ des militaires, les difficultés de sauvegarde et de mises en valeur patrimoniales sont apparues et subsistent encore largement aujourd’hui.

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M. Hugues PAUCOT, Docteur en sciences, Ingénieur conseil chargé des formations en sciences analytiques au centre de formation UT2A de l'université de Pau et des pays de l'Adour

Membre des sociétés savantes :
Cercle historique de l'Arribère, Vice-président
Société des sciences, lettres et arts de Pau et du Béarn, Membre