142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

mercredi 26 avril 2017 - 09:00


I. Circulations montagnardes d'hommes et de biens

Sous-thème : I.1. La conquête de la montagne : des premières occupations humaines à l'anthropisation du milieu

Titre : Des habitations de haute montagne de l’âge du Bronze au cirque de Troumouse, Gèdre (Hautes-Pyrénées) : premiers résultats

Présidents :
MORDANT Claude
, professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Bourgogne, membre de l'UMR ARTeHIS (Archéologie, terre, histoire, sociétés), UMR 6298, CNRS
PÉTILLON Jean-Marc , chargé de recherche au CNRS, membre du laboratoire TRACES (Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés), UMR 5608, université Toulouse - Jean Jaurès

En 2015, Thomas Perrin menait un sondage positif sur une concentration de blocs de pierre de forme oblongue qui livra des céramiques des débuts de l’âge du Bronze. Ce sondage positif a motivé la fouille de la structure empierrée à l’été 2016 et l’entreprise de sondages à proximité. Cet aménagement est situé dans le cirque de Troumouse, en bordure du ravin du gave de Touyères, sur un replat bordé d’un ruisseau, à 2000 m d’altitude. Les premiers travaux de terrain ont d’ores et déjà permis de mettre au jour plusieurs occupations possédant diverses phases d’implantation. Dans la zone principale, la dernière habitation, datée du Bronze moyen, est matérialisée par un double parement de blocs de granite, de 0,70 m à 1 m de longueur, posés de biais ou plantés de chant et comblé de pierres et de terre limoneuse. Ce muret de soubassement devait permettre l’implantation d’une infrastructure de bois et délimite une zone interne d’environ 5 m sur 3 m, éboulée sur une de ces extrémités par les ravinements du ruisseau. Un enclos subcirculaire à simple parement d’environ 4 m de diamètre est adossé à un long côté de l’habitation dans une légère déclivité. Les pierres de ces soubassements ont dû être récupérées et arrangées à partir d’une habitation antérieure. Cette première occupation, datée des tout débuts de l’âge du Bronze, est encore en cours de fouille. Elle se matérialise par un niveau rubéfié contenant les restes incendiés de l’intérieur du bâtiment qui livre la majorité du matériel archéologique. Le foyer central ne semble pas avoir bougé entre les deux occupations, mais les deux habitations superposées ont un plan perpendiculaire l’une à l’autre. Le premier sondage alentour a également livré les restes d’une autre maison délimitée par un muret de soubassement bien conservé, couvrant les mêmes périodes en 3 phases d’occupation. Les deux autres sondages ont attesté d’occupations historiques et de vestiges d’un niveau protohistorique érodé. Tous les niveaux ont livré du mobilier fréquent en contexte d’habitat, des tessons de céramiques, des fragments de meules, des aiguisoirs, des éclats retouchés en silex, ainsi qu’un creuset attestant d’une pratique de la métallurgie. Ce dernier élément peut être essentiel pour l’explication de l’implantation et de l’exploitation de ce milieu d’altitude. En effet, des ressources métallifères en pyrites cuivreuses et en plomb argentifère sont attestées dans les environs proches du site par de petits filons en exploitation jusqu’au début du XIXe siècle. L’interprétation souvent évoquée de l’occupation des milieux de haute montagne a jusqu’à maintenant été orientée vers des estives pastorales, or les données environnementales donnent deux pics d’augmentation de l’emprise sur les montagnes pyrénéennes au début du Bronze ancien et au Bronze moyen, en lien avec des pollutions dues à la métallurgie. La fouille de cet ensemble d’habitat pourra permettre de se demander si l’exploitation de ressources en métaux et minéraux ne pourraient pas être une motivation supplémentaire à ces implantations d’altitude.

--
M. Guillaume SAINT-SEVER, Post-doctorant en archéologie, membre associé au laboratoire Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES, UMR 5608, université Toulouse - Jean Jaurès / CNRS / Ministère de la Culture)