142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

mardi 25 avril 2017 - 14:00


Colloque Monastères de montagne, des origines à nos jours
Titre : Cherchez la femme... sur le mont Athos

Présidents :
LE BLÉVEC Daniel
, professeur émérite des universités en histoire de l'Occident médiéval, membre du CEMM (Centre d'études médiévales de Montpellier), EA 4583
DEMOUY Patrick , professeur émérite d'histoire du Moyen Âge à l'université de Reims Champagne-Ardenne

Né d’un désir intense de contemplation, le monachisme apparait en Égypte au IVe siècle et se répand rapidement dans tout l’Empire byzantin. Ceux et celles qui sont poussés irrésistiblement à fuir un monde empêchant toute méditation se mettent alors en quête des lieux les plus propices au recueillement solitaire. Difficiles à atteindre et à exploiter, les montagnes répondent à ces exigences spirituelles, étant le plus souvent désertées. Parmi ces montagnes, la presqu’île de l’Athos devient, dès la fin du VIIIe siècle, un centre monastique majeur. Son arrière-pays, la Chalcidique, a pourtant subi jusque-là toutes sortes d’invasions et n’a apparemment rien d’attirant pour les futurs ascètes. Mais les Slaves ont été convertis et intégrés, la région repeuplée : progressivement, l’Athos va servir de refuge pour les gens pieux. À la fin du Xe siècle, la présence sur la montagne d’une cinquantaine de monastères témoigne de la progression foudroyante du monachisme athonite. Outre le fait d’être localisées sur une montagne, ces institutions monastiques situées sur l’Athos présentent une autre singularité révélée dans leurs règlements, les typika : la présence des femmes, et même des femelles lorsqu’il est question d’animaux, y est totalement interdite. Les femmes sont en effet présentées comme des sources de tentation pour des moines vivant dans l’isolement le plus total. Pourtant, d’autres archives de l’Athos permettent d’observer la participation de la moniale à la vie économique de la Macédoine orientale. Les monastères présents sur la montagne sacrée ont en effet conservé dans leurs archives des documents fiscaux relatifs aux biens qu’ils possédaient. Ayant en outre pour objet d’évaluer les superficies ou d’établir le montant de l’impôt, les documents privés définissent également les droits de chacun sur la terre et rendent compte des différentes transactions. Or, parmi les différents acteurs participant aux ventes, achats et autres donations de biens impliquant au moins l’un des monastères athonites, apparaissent des moniales. Bien que très peu nombreuses, ces interventions permettent néanmoins de mesurer l’écart qui existe entre l’interdiction totale pour les femmes de se trouver sur la montagne et la pratique. Cette communication vise à s’interroger sur l’éventuelle présence et la circulation des femmes sur une montagne sacrée où elles sont, selon les règlements, indésirables, mais qui, selon d’autres sources, joueraient un rôle, même discret, dans la vie de l’Athos.

--
Mme Diane PASQUIER-CHAMBOLLE, Docteur en histoire byzantine, Professeur d'histoire-géographie au collège