142e congrès, Pau, 2017 - Circulations montagnardes, circulations européennes

mardi 25 avril 2017 - 09:30


IV. Des montagnes explorées, étudiées et représentées

Sous-thème : IV.1. Montagnes et montagnards comme objets d’explorations et d’études

Titre : Quelle est l'origine des montagnes ?

Présidents :
PINGEOT Anne
, conservateur général honoraire du patrimoine
RICHARD Hélène , inspecteur général des bibliothèques

Bien que les montagnes soient un élément majeur des paysages du pourtour de la Méditerranée, les penseurs grecs ne se sont pas beaucoup préoccupés de leur origine. Elles sont là, depuis toujours et sans doute finiront-elles par disparaître sous l’effet des agents externes. L’exposé antique le plus cohérent se trouve chez Lucrèce qui explique comment les montagnes sont l’expression d’hétérogénéités locales apparues lors du resserrement de la matière terrestre. Au Moyen-Âge, on reprend plus ou moins l’avis des « anciens ». On signalera quelques penseurs originaux tels les « Frères de la pureté » de Bassora (XIe siècle) pour qui les reliefs proviennent de l’exhumation de dépôts aquatiques modelés par les courants marins, ou encore, Jean Buridan (XIVe) selon qui les montagnes proviennent de la montée continuelle des terres émergées sous l’action de la chaleur solaire. L’idée que les montagnes sont un trait initial de la face de la terre se retrouve chez Descartes (XVIIe) qui les explique par l’effondrement plus ou moins organisé de la croûte primitive apparue à la surface de la terre lors de son refroidissement. Même si les détails de la théorie cartésienne ont été oubliés par la suite, son idée de base perdurera : les montagnes sont dues à la contraction terrestre liée à son refroidissement, à la façon du ridement de la peau d’une pomme qui se dessèche. C’est ainsi que Léonce Élie de Beaumont (XIXe) imaginera que les plissements terrestres se sont faits selon la géométrie d’un dodécaèdre pentagonal et à des dates précises. Plus proche des faits, fin XIXe et début XXe, Eduard Suess livre une belle synthèse où il conjugue extension et contraction de la croûte terrestre pour expliquer les océans et les chaînes de montagnes. En tant que telle, l’hypothèse de la dérive des continents d’Alfred Wegener (début XXe), n’explique que la formation des creux océaniques et ce n’est que plus tard que la « tectonique des plaques » rendra compte de la majorité des reliefs terrestres.

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M. Alain COUTELLE, Professeur des universités en géologie en retraite

Membre des sociétés savantes :
Comité français d'histoire de la géologie, Membre
Société géologique de France, Membre