138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 14:00


Thème VI. Représentations et alimentation

Sous-thème : VI.B. Manger moral, manger sauvage

Titre : Des nourritures sauvages si dangereuses à ingérer en Bretagne

Présidents :
DALLA BERNARDINA Sergio
, professeur d'ethnologie à l'université de Brest
LE COADIC Yves-François , professeur honoraire de sciences de l'information au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), Paris

Au cœur de la Bretagne, un massif granitique constitue un territoire vécu décrit comme rocheux, pauvre, émaillé de landes maigres et de terres humides. Pour le monde paysan d'hier, la différence d'altitude suscite une disjonction entre le « pays d'en-haut » et le « pays d'en-bas », à laquelle la population associe une distinction entre les potentialités productives des sols. La faible estime de la population « d'en-haut » pour la qualité du milieu se mue en une mise à distance de la nature, traduite par le refus notoire d'ingérer végétal sauvage et champignons comestibles.
L'antagonisme qui transparaît amène à porter le questionnement sur le plan symbolique et notamment sur les classifications biologiques populaires. La « végétophobie » et la « mycophobie » vernaculaires relèvent d'un jeu subtil entre la construction du sentiment d'appartenance locale et les représentations de la nature. L'absence culturellement produite de ces savoirs naturalistes, dont le paradoxe est « d'alimenter » l'affirmation de soi, opère ainsi comme un marqueur territorial.

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M. Laurent GALL, Doctorant en ethnologie, membre du Centre de recherche bretonne et celtique, université de Bretagne-Occidentale (CRBC, UBO)