138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

mardi 23 avril 2013 - 14:00


Thème II. Du terroir au garde-manger planétaire

Sous-thème : II.A. Alimentation et développement

Titre : La feuille, le grain et la cuisine. Cueillette en brousse, récolte du mil et sécurité alimentaire dans la zone sahélo-soudanienne. L’exemple du village peul de Barani (province de la Kossi, Burkina Faso)

Présidents :
BART François
, professeur émérite de l'université Bordeaux III, membre de l'UMR LAM (Les Afriques dans le monde), IEP - CNRS, co-directeur de la revue Les Cahiers d'Outre MEr
AMALVI Christian , professeur d'histoire contemporaine à l'université Paul-Valéry - Montpellier III

Située dans la zone sahélo-soudanienne, très difficile d’accès du fait de sa position marginale par rapport aux grands axes de circulation du pays, la commune rurale de Barani rassemble plus de 49 000 personnes très durement touchées par les changements climatiques (accroissement de la violence des précipitations en saison des pluies et intensification et rallongement de la saison sèche) alors même que les activités agricoles, autarciques et vivrières, soumettent les populations aux aléas climatiques. Les besoins de toutes sortes sont donc immenses, ce que révèle l’ensemble des indicateurs démographiques ou de développement en regard des autres statistiques du Burkina Faso. Localisé en pays Peul, le territoire connaît pourtant une gouvernance efficace en raison de la superposition de l’ancien système des chefferies peules et des structures politiques locales, municipales notamment.
Incluse dans le programme BIOSOL (université d’Orléans) consacré à la diffusion de l’agroécologie au Burkina Faso, cette étude aborde l’insécurité alimentaire à l’échelle d’un village et les stratégies traditionnelles mises en place pour l’affronter. Elle comprend deux volets, qui, confrontés, précisent l’ampleur des crises nutritives et l’apport essentiel de la cueillette de plantes de brousse. En premier lieu, le suivi de 2007 à 2011 des travaux aux champs d’un groupe d’une vingtaine d’agriculteurs ainsi que celui des rotations culturales et des rendements donne la mesure de l’irrégularité des productions de mil et de sorgho. Juste suffisant en cas de précipitations normales, l’apport céréalier décroît fortement avec le moindre aléa climatique tandis que la disette apparaît dans les familles des cultivateurs. En second lieu, l'apport des espèces végétales spontanées dans la sécurité alimentaire de la population du village éponyme de Barani (5 000 habitants) est observé à l'aide d'entretiens semi-directifs, notamment auprès des femmes. Un inventaire des espèces utilisées pour leurs fruits, fleurs, feuilles, graines et tubercules a été dressé en complément de leurs méthodes culinaires de préparation. Un certain recul dans les connaissances des espèces de cueillette a été observé, notamment au sein des ethnies rimaybée et peule. Ceci s'explique du fait de la dégradation progressive du couvert végétal, mais également par des changements dans le rôle des femmes et dans leurs choix alimentaires. La disparition consécutive des savoirs et savoir-faire autour de cette végétation spontanée présente des conséquences en terme de sécurité alimentaire. L'apport qualitatif du repas n'est plus assuré et les ménages deviennent davantage dépendants des variations des prix des denrées.

--
M. Bertrand SAJALOLI, Maître de conférences en géographie à l'université d'Orléans, Membre du Centre d'études pour le développement des territoires et l'environnement (CEDETE, EA 1210)

Membre de la société savante :
Groupe d'histoire des zones humides, Vice-président

--
Mme Morgane CLERC, Étudiante au Muséum national d’histoire naturelle, AgroParisTech