138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

vendredi 26 avril 2013 - 09:00


Colloque 1 : Histoire de l'alimentation humaine : entre choix et contraintes

Sous-thème : 1.D. Goûts et usages sociaux

Titre : Le goût du sucré : du luxe à la nécessité (France, XVIIIe siècle)

Présidents :
COSTAMAGNO Sandrine
, chargée de recherche au CNRS, UMR 5608, TRACES (Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés), université Toulouse II - Le Mirail
MARCILLOUX Patrice , maître de conférences en archivistique à l'université d'Angers, vice-doyen de la faculté des lettres, langues et sciences humaines, membre du CERHIO (Centre de recherches historiques de l'Ouest), UMR 6258

La consommation de sucre n’a cessé de croître sous l’Ancien Régime. Comment expliquer un tel engouement ? Selon l’anthropologue Sidney Mintz, les hommes sont prédisposés pour le goût sucré mais d’autres mécanismes sont à l’œuvre. Au début du XVIIIe siècle, le sucre est encore une marchandise exotique et chère, réservé à une élite, il est socialement discriminant. Puis, de luxueux il devient un produit nécessaire : en l’an II, l’augmentation du prix du sucre provoque la colère des sans-culottes. Les catégories sociales les moins aisées se sont attribué ce nouveau goût pour le sucre, elles ont imité les plus riches et ont suivi la mode. Les inventaires après décès, étudiés pour la ville de Nantes, montrent la diffusion sociale de ce produit colonial notamment dans l’espace urbain. Parallèlement à sa démocratisation, le sucre conserve une forte valeur symbolique notamment sous ses formes les plus élaborées comme les confiseries : ces dernières gardent leur prestige et sont toujours associées à des produits de luxe. C’est d’ailleurs le principal argumentaire utilisé par les détaillants dans les annonces commerciales.

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Mme Maud VILLERET, Professeure agrégée, Doctorante en histoire à l'université de Nantes