138e congrès, Rennes, 2013 - Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires

jeudi 25 avril 2013 - 14:00


Colloque 1 : Histoire de l'alimentation humaine : entre choix et contraintes

Sous-thème : 1.C. Interdits alimentaires et comportements alternatifs : cannibalisme, végétalisme, etc.

Titre : La pratique du jeûne à la fin du Moyen Âge : l'exemple des mystiques pèlerines

Présidents :
DUTOUR Olivier
, directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études
EVEN Pascal , chef du département des Archives diplomatiques du ministère des Affaires étrangères

Au Moyen Âge, le quotidien est rythmé par l’omniprésence de la religion chrétienne, et ce jusque dans les pratiques alimentaires : le jeûne, conçu comme un acte purificatoire menant au salut de l’âme, apparaît ainsi comme une réalité de la vie de chacun (Jésus lui-même, selon les Évangiles, n’a-t-il pas jeûné durant les quarante jours et quarante nuits passés dans le désert ?), que ce soit lors du Vendredi saint ou dans le cadre d’une pénitence imposée. Toutefois, certaines figures religieuses en font un usage parfois excessif : en témoigne l’exemple de ces femmes mystiques de la fin du Moyen Âge qui, à l’image de sainte Brigitte de Suède, Dorothée de Montau ou encore Margery Kempe, en font un élément essentiel de leur quête de Dieu. À travers ces Vies de saints dont l’époque est friande, force est de constater que le jeûne est associé à la sainteté, en particulier durant les derniers siècles du Moyen Âge qui tendent vers une piété plus ascétique et « douloureuse », et où il s’agit de revivre dans sa chair les souffrances endurées par le Christ. Plus encore, il semble que la pratique s’inscrive durant cette même époque comme une spécificité davantage féminine. Témoignage d’une piété féminine s’exprimant désormais à travers le corps, seul aspect de sa vie sur lequel la femme ait véritablement prise, le jeûne s’inscrit ainsi comme une réalité fondamentale dans la pratique alimentaire des derniers siècles du Moyen Âge.

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Mme Nolwenn KERBASTARD, Doctorante en histoire médiévale à l'université Paris - Nanterre, Centre d’histoire des sociétés médiévales et Modernes (MéMo)